Ce temps est l’occasion, pour celui qui est filmé comme pour le spectateur, d’éprouver ce que veut dire ÊTRE ICI sans avoir à parler ou agir pour justifier cette légitimité élémentaire. 22 minutes, un temps symbolique, suffisamment long pour dépasser la représentation et modifier son état de conscience. 22 minutes pour regarder devant soi, à l’intérieur de soi. 22 minutes pour lâcher, se sentir là, et donner à voir son vrai visage. L’acte de présence au monde qu’il induit représentera pour certains une épreuve, pour d’autres une chance : celle de pouvoir éprouver un moment rare, précieux, la possibilité de goûter aux bonheur subtil d’ÊTRE, ici, maintenant, en vie.
Cette série de portraits présentés simultanément sur des écrans distincts propose au spectateur une expérience individuelle qui interroge notre rapport à l’autre. Combien de temps est-il acceptable de regarder l’autre dans sa présence la plus élémentaire ? Comment entrevoir l’invisible, l’universel : ce que l’autre pense, ressent, son histoire, celle qu’il traverse à cet instant précis et qui témoigne de son humanité singulière et merveilleuse ? Combien de temps peut-on regarder quelqu’un qui est simplement là, sous nos yeux ? Et à l’inverse, combien de temps supporte-t-on d’être regardé par autrui lorsque nous ne faisons rien d’autre qu’ÊTRE ICI, tout simplement ? Migrants ? Résidents ? Citoyens ? Dans le regard de ces présences singulières, une même humanité interroge le regard que nous portons sur l’autre et nous rappelle que nous sommes tous “l’autre de quelqu’un”.
22 MINUTES ICI dans un espace d’exposition : Le mode d’exposition de ce travail est assez multiple et potentiellement évolutif. Au départ il est imaginé pour être présenté en série, chaque portrait étant diffusé en boucle sur un écran distinct d’une taille suffisamment grande pour que le visage montré soit légèrement plus grand qu’un visage de spectateur. Tous les cadres seront accrochés à la même hauteur, légèrement plus haut qu’une hauteur de regard de taille moyenne, les yeux du sujet à environ 1m75 du sol. En fonction de l’architecture, il est possible de jouer sur la distance entre les écrans, mais il faut au moins 1m entre chaque écran. Il est aussi envisageable d’isoler certains portraits dans des pièces plus petites, pourquoi pas obscures, afin de proposer au spectateur une relation plus intime avec le sujet. Il est possible d’associer différents dispositifs à cette exposition. Pourrait être installé par exemple un espace de prise de vue à l’écart de l’exposition où l‘artiste pourrait accueillir et filmer les visiteurs désireux de vivre l’expérience face à la caméra. L’image filmée lors de ces expériences pourrait être retransmise en direct sur un écran principal, en écho aux portraits exposés et/ou constituer progressivement une nouvelle série de portraits.